Etre un parent endeuillé

Le deuil étant l’expression du lien d’attachement qui relie chacun à la personne décédée, inévitablement la forme de ce deuil et son expression vont être différents selon sa fonction dans le couple, mais aussi être difficiles à traverser en couple.

Chacun va avoir à prendre soin de lui-même dans ce qu’il éprouve et prendre en même temps soin du lien qui le rattache à son tout-petit et l’exprimer à sa manière. Mettre en place des petits rituels au quotidien pour penser à son bébé peut vraiment aider à cheminer dans ce deuil si douloureux. Mais ces rituels vont être différents en fonction de ce qui fait sens pour lui.

Les mamans, dans leur grande majorité, ont besoin de parler de leur bébé, de regarder encore et encore ses photos. Elles vont souvent manifester la violence de leur chagrin par les larmes et souhaitent rencontrer d’autres parents pour échanger.

Par contre, les papas vont parfois se mettre en retrait et reporter l’expression de leur deuil à plus tard, afin de continuer à assurer la vie de famille au quotidien. Pour autant, ils ont eux aussi un deuil à vivre, un lourd chagrin à porter, la même souffrance face à l’indifférence et aux maladresses de leur entourage. Leurs modes d’expression vont parfois surprendre, en étant plus dans un mode d’actions concrètes (travaux dans la maison, activités sportives…), mais leur besoin d’être écoutés, soutenus et reconnus comme papas endeuillés est vraiment là.

Alors, il vaut mieux ne pas oublier de prendre de leurs nouvelles quand on prend des nouvelles de la maman ! Ne pas oublier de leur demander où ils en sont eux aussi, comment ils arrivent à cheminer face à l’absence de leur tout-petit…

A écouter : interviews de Larry, papa ayant traversé ce deuil et bénévole animateur d’un groupe d’entraide, et du Dr Presme, animatrice d’un groupe de papas endeuillés.

Vivre ce deuil en couple

Forcément la vie de couple va aussi être mise à l’épreuve, tant il est difficile de communiquer paisiblement quand on va si mal l’un et l’autre. Difficile d’exprimer ses propres attentes face à l’autre mais aussi difficile de se comprendre, quand les modes d’expression de son deuil et ses besoins personnels sont si différents….
Tout cela est normal et légitime. Les couples connaissent tous, au début de leur deuil, des difficultés similaires et ont à comprendre qu’il y a une forme d’entente, fine comme une ligne de crête, à trouver entre eux. Peu à peu, au fil des mois, les tensions doivent pouvoir s’apaiser.
Il ne faut pas hésiter à aller chercher de l’aide auprès d’un psychologue ou d’un conseiller conjugal. La participation à un groupe d’entraide mixte, comme l’association SPAMA les propose, peut vraiment soutenir les couples.

Pour vous accompagner

Découvrir le livret “Repères pour vous, parents en deuil d’un tout-petit”

Dans la Lettre 2022, découvrir le dossier sur la place des pères en périnatalité et le retour d’expérience «Quand les pères endeuillés ont la parole»

Et le autres enfants ?

Bien sûr, les ainés ont aussi à vivre un temps de deuil en lien avec leurs parents, mais ce deuil n’est pas celui de leurs parents. Ils ont besoin de rester à leur place de grand(s) frère(s) ou de grande(s) sœur(s), sans porter le poids du chagrin des parents. Ils ont besoin de retrouver leur rythme habituel, avec leurs activités (scolaires et extra-scolaires) et reprennent souvent leur vie rapidement, s’ils savent qu’ils peuvent toujours évoquer ouvertement celui qui est décédé.

Le rituel des funérailles est pour eux un moment d’adieux important où des gestes concrets leur permettent de signifier leur chagrin à leur manière. Il vaut mieux éviter de les en écarter et leur laisser la possibilité de s’exprimer comme ils le souhaitent.

Les enfants auront souvent le besoin de reparler de leur petit frère ou leur petite sœur, parfois à des moments incongrus. Il ne faut pas avoir peur de ces évocations et les accueillir simplement, sans aller au-delà des besoins de l’enfant à ce moment-là. Car, en grandissant, ils revisitent leurs émotions et reposent des questions essentielles sur la vie, la mort, l’au-delà en fonction de leur capacité d’intégration.

Pour accompagner vos enfants dans la traversée de ce deuil

Lire l’interview du Dr Guy Cordier, psychiatre, sur le deuil de la fratrie

Découvrir le Cahier d’activités réalisé pour ces ainés

Lire les interviews d’Anna Cognet sur le vécu des parents face au décès d’un jumeau in utero et du Dr Benoit Bayle, psychiatre, sur l’accompagnement des parents pris entre le deuil d’un jumeau et le soutien actif d’un jumeau vivant.

Découvrir le Cahier de dessin réalisé pour les jumeaux esseulés